Rappel historique
Le nom d’Évosges est cité pour la première fois en 1137 dans une bulle du Pape Innocent II qui confirme les privilèges de la Chartreuse de Meyriat comme la limite de cette Abbaye. Quant à l’Eglise, placée sous le vocable de Saint-Martin, elle est mentionnée en 1191, dans une bulle du Pape Célestin III comme appartenant au domaine ecclésiastique de l’Abbaye de Saint-Rambert. Plus tard, vers 1400, elle passera sous le vocable des Saints Martin et Théodule pour retrouver au XVIIème siècle celui unique de Saint-Martin.
Avant 1550, le village se situait autour de l’église. Mais un incendie le détruisit en totalité. Il fut alors reconstruit plus haut, alors que l’église gardait son emplacement primitif ; ceci explique sa situation extérieure aux habitations. L’église a été agrandie à une époque indéterminée.
Jusqu’au XVIème siècle, le curé de la paroisse qui était aussi curé d’Oncieu, ne résidait pas au village. Il louait la cure à des vicaires, moyennant des revenus en argent et en nature. Le premier curé qui a vraiment résidé au village dont il était natif s’appelait Messire Claude Brun. Il exerça son ministère de 1599 à 1656. Cette famille Brun donna des curés à la paroisse pendant 150 ans, jusqu’en 1747.
Le curé Messire François Jean Baptiste Bibet, arrivé à Évosges en mars 1758, s’est rendu célèbre par un interminable procès qui l’opposa aux religieux de l’Abbaye de Saint-Rambert à propos des dîmes des terres novales (ou récemment mises en culture).
Dans les années 1990, d’importants travaux de restauration sont entrepris par la commune : réfection totale du clocher, toiture en tuiles écailles, rejointement des pierres de la façade principale, mise à nu des pierres du chœur à l’intérieur, stalles et table de communion enlevés, réfection en tommettes du plancher de bois du chœur, badigeon des murs de la nef et de la chapelle, remise à neuf des bancs et de l’installation électrique…
Visite de l’Église
La partie la plus ancienne est le chœur auquel est accolée la sacristie et qui possède une ouverture haute et étroite (1). Il est soutenu à l’extérieur par deux contreforts qui ont été récemment consolidés. Le toit est bordé de lauzes. L’unique entrée se situe à l’ouest du côté du cimetière. On remarque sur la façade les contreforts dont les pierres sont numérotées, à droite en chiffres romains (2), à gauche en chiffres arabes (3) (on retrouve ce même détail sur le portique du vestibule d’entrée de l’église de Torcieu). Les tailleurs de pierres numérotaient ainsi les blocs taillés pour ne pas se tromper lorsqu’ils les montaient.
Une rosace gothique (4), d’une seule pierre, a été rapportée sur cette façade sur laquelle se distinguent nettement une partie plus ancienne en bas et plus récente en haut.
La croix de Savoie (5) figure sur une pierre, en haut et à droite de la porte d’entrée. Celle-ci était au XIXème siècle abritée par un porche, nommé en patois « le pelé », sous lequel on célébrait les mariages.
Sous la dalle d’entrée, repose le Curé Claudat, prêtre du village de 1797 à 1804. L’intérieur de l’église, fort modeste, comporte : un chœur, deux chapelles dont l’une est désaffectée ainsi qu’une nef unique.
Le chœur est vouté avec des nervures. Les culots des ogives sont gravés de figures grossièrement taillées. La clef de voute est également gravée d’un visage (6). Les teintes données sont identiques à celles qui ont été trouvées par sondage. Une pierre d’autel est scellée dans le sol, près de l’emplacement initial de la table de communion.
La Chapelle de la Vierge, de construction récente, se situe sur l’emplacement des chapelles Saint Antoine et Notre-Dame qui appartenaient au XVIIème siècle aux familles Brun et Trocu, alors alliées, et qui y avaient droit de sépulture. Les Trocu, à l’origine marchands de Malix, s’illustrèrent dans la région de Saint-Rambert et dans le Bugey grâce à Antoine Trocu, receveur des tailles en Bugey, Valromey et Gex en 1636 et à ses descendants qui acquirent la noblesse vers 1685 et devinrent marquis de Saint-Rambert. La chapelle de la Vierge comporte un autel avec une statue de la Vierge. Elle est éclairée par deux beaux vitraux de facture moderne réalisés par A. Guillon, de Thol.
La Chapelle Saint André (8), seconde chapelle aujourd’hui désaffectée, appartenant autrefois à la famille Tenand-Henry qui y élisait sépulture. Son entrée est surmontée d’un arc coupé.
La nef. L’un des vitraux signé A. Guillon, maître verrier à Neuville-sur-Ain, représente Saint Antoine de Padoue. Une statue de Saint Martin évêque est placée à gauche de l’entrée. Au fond de l’église, on trouve des bancs avec porte-chapeaux, autrefois réservés aux hommes.
L’objet le plus curieux et le plus précieux est l’ancienne piscine du baptistère qui sert aujourd’hui de bénitier (9). Elle présente sur deux faces des sculptures curieuses dont des roues maladroitement taillées. Elle était autrefois accompagnée d’une cuve ronde qui a été conservée dans une maison du village, afin de la préserver de la destruction, au moment de la séparation de l’Église et de l’État en 1905. Cette cuve devrait être bientôt remise en place. La piscine a été datée du XIème au XIIème siècle, mais elle est vraisemblablement antérieure et a dû être réutilisée. Elle est inscrite au titre des Monuments Historiques.
Il émane, de la simplicité du lieu, une grande paix et le souvenir de toutes les générations qui sont passées par là au temps où l’église était vraiment « la maison du peuple ».
Le cimetière
Le cimetière entourait autrefois toute l’église. Les familles d’Évosges y avaient leur place. Ceux qui n’étaient pas natifs du lieu étaient « ensépulturés en la place des estrangers, vis-à-vis du chœur de l’église, du côté que l’on chante l’Évangile », c’est-à-dire, à gauche de l’autel.